En parcourant la récente stratégie pour l’essor de la créativité numérique en culture 2023-2028 publiée par le ministère de la Culture et des Communications, j’ai bien compris son intention : soutenir un sous-ensemble précis de l’écosystème culturel, celui des disciplines technologiques et immersives. C’est en re-découvrant le schéma des « bulles » des industries culturelles et créatives, qu’on retrouve dans ce document et dans plusieurs communications du ministère, que ma curiosité a été piquée.
Où se situent les créateurs socionumériques oeuvrant sur les plateformes ouvertes?

Ce schéma illustre les grands secteurs : cinéma, médias, livre, musique, arts visuels, arts de la scène, et créativité numérique. Mais en l’examinant, une question m’a frappé : où se retrouveront les créateurs socionumériques oeuvrant sur les plateformes ouvertes?
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Je pense ici aux podcasteurs, aux youtubeurs, aux créateurs sur TikTok et Instagram, à toutes celles et ceux qui publient de façon autonome et qui façonnent désormais une part essentielle de la consommation culturelle. Leur réalité ne cadre pas aisément dans les catégories actuelles. Les podcasteurs se reconnaissent difficilement dans « médias » ou « audiovisuel », car leur modèle repose sur une production indépendante, distribuée sur des plateformes ouvertes. Les youtubeurs non plus n’entrent pas vraiment dans l’audiovisuel traditionnel, ni dans la créativité numérique telle que définie, centrée sur les expériences immersives. Quant aux influenceurs culturels, leur rôle d’animation et de médiation échappe aux logiques existantes.
Cette observation m’amène à une réflexion ouverte : est-ce que les créateurs socionumériques oeuvrant sur les plateformes ouvertes doivent être abordés de façon transversale, en traversant plusieurs bulles à la fois? Ou faut-il envisager une bulle distincte, avec ses propres mécanismes de soutien, ses indicateurs et ses programmes adaptés à leurs réalités?
Je n’avance pas de réponse définitive. Mais je crois que cette discussion mérite d’être engagée. Ces créateurs sont devenus incontournables pour rejoindre le public, enrichir la médiation culturelle et faire circuler les idées. Leur donner une place dans l’écosystème ne bouleverserait pas l’architecture actuelle, mais viendrait plutôt la compléter pour refléter la culture telle qu’elle se vit aujourd’hui.
Je propose que nous fassions collectivement de cette question un sujet de réflexion.